Des ateliers d’apprentissage des échecs ont été mis en place à l’école, en particulier en maternelle. Les objectifs sont explicités, notamment sur le site internet de l’Académie de Montpellier et celui d’Eduscol.
Dans le Manuel d’apprentissage du jeu d’échecs de l’Académie de Rennes, réalisé par Jacques Priser, animateur FFE, sont analysés les apports du jeu d’échecs quant au développement de l’enfant et ses capacités cognitives.
Le jeu d’échecs à l’école : les objectifs
Le jeu d’échecs mobilise logique, stratégie, rigueur et capacité d’abstraction tout en facilitant l’apprentissage et le respect des règles établies. Le jeu d’échecs permet de :
- développer la motivation, la concentration,
- encourager l’esprit d’autonomie et d’initiative,
- contribuer à l’acquisition de compétences en mathématiques,
- favoriser le développement de l’autonomie.
Des situations d’apprentissage variées
Le formateur met en place des situations d’apprentissage variées : jeu, résolution de problèmes, entraînements, etc. et les choisit selon les besoins de chacun. Il favorise les interactions entre enfants et crée les conditions d’une attention partagée, la prise en compte du point de vue de l’autre en visant l’insertion dans une communauté d’apprentissage.
Apprendre en jouant Le jeu favorise la richesse des expériences vécues par les enfants et alimente tous les domaines d’apprentissage. Il leur permet d’exercer leur autonomie, d‘agir sur le réel, (…) d’exercer des conduites motrices, d’expérimenter des règles et des rôles sociaux variés. Il favorise la communication avec les autres.
Apprendre en réfléchissant et en résolvant des problèmes Pour provoquer la réflexion des enfants, le formateur les met face à des problèmes à leur portée. Ils tâtonnent et font des essais de réponse. En favorisant les essais et en suscitant des discussions, le formateur donne aux enfants l’envie d’apprendre et les rend autonomes intellectuellement.
Apprendre en s’exerçant Les apprentissages s’inscrivent dans un temps long et les progrès sont rarement linéaires. Ils nécessitent souvent un temps d’appropriation qui peut passer soit par la reprise de processus connus, soit par de nouvelles situations. Leur stabilisation nécessite de nombreuses répétitions dans des conditions variées.
Apprendre en mémorisant Le formateur stabilise les informations, s’attache à ce qu’elles soient claires pour permettre aux enfants de se les remémorer. Il organise des retours réguliers sur les découvertes et acquisitions antérieures pour s’assurer de leur stabilisation.
Les apports du jeu d’échecs
Le jeu d’échecs développe les capacités cognitives de l’enfant, et les qualités acquises peuvent être transférables à d’autres disciplines. Une étude* menée au près de 56 élèves de CM2 ayant suivi des cours d’échecs sur une durée de 5 ans a révélé une augmentation significative des performances dans des matières exigeant des compétences mettant en jeu logique, stratégie, mémoire et capacité d’abstraction :
- concentration : +50 %
- inhibition d’une réaction intuitive : +50 %
- résolution de problèmes : +32 %
- recherche lexicale : +25%
- capacité de mémorisation : +22 %
- vitesse d’analyse : +13% *(% en écart à la moyenne d’autres enfants de même origine et milieu social)
*Noir, Michel, Le développement des habiletés cognitives de l’enfant par la pratique du jeu d’échecs : essai de modélisation d’une didactique du transfert, thèse de doctorat, Université de Lyon Il,2002.
Les étapes essentielles :
- L’orientation temporelle
Pour le jeune enfant, l’espace prime sur le temps, l’alternance des coups permet de renforcer son orientation temporelle et lui montre l’importance de l’espace-temps qui est à la base de la planification d’une action ; il aborde ainsi les formes élémentaires de la dialectique : inférer les conséquences de son action et anticiper les conséquences des manœuvres des autres.
- Les images anticipatrices et le raisonnement par hypothèse
Si l’élaboration mentale de petites suites tactiques développe des facultés d’abstraction, la capacité à se représenter par l’imagination les mouvements des pièces apparaît chez l’enfant vers l’âge de 7-8 ans, au stade des opérations concrètes.
L’enfant ayant une curiosité spontanée pour le jeu d’échecs, celui-ci peut être utilisé dans le cadre d’une pédagogie de détour comme moyen ludique d’entraînement efficace de la mémoire et de structuration et de renforcement des notions d’espace et de temps. Les aspects recherche et prospective mènent à une forme de réflexion, et avec l’ensemble des processus engagés, contribuent à l’élaboration et au renforcement de certaines compétences transversales définies dans les Instructions officielles de l’Éducation Nationale.
Le jeu d’échecs et le développement de l’enfant
L’apprentissage et la pratique du jeu d’échecs développent des facultés intellectuelles, forment le caractère et permettent d’acquérir des valeurs morales et sociales.
Les facultés intellectuelles
- L’attention /la concentration : le calcul des variantes, la compréhension du dernier coup joué et l’observation de l’adversaire.
- La réflexion par le calcul de petites suites tactiques.
- La mémoire :
- à court terme : répétition d’exercices tactiques classés par thèmes,
- à long terme : par la compréhension des principes des ouvertures et des finales,
- visuelle : reconnaître des positions clés.
- Développer des capacités d’analyse à différentes échelles (globales et ponctuelles) et faire le va-et-vient entre ces échelles.
- L’objectivité / l’esprit critique : par l’analyse des forces et des faiblesses de son jeu et de son comportement.
- Le raisonnement : la capacité à concevoir un plan avec comme objectif l’obtention d’avantages stratégiques ou matériels.
- Le jugement (analyse et synthèse) : l’évaluation globale de trois éléments :
- La force : activité et valeur relative des pièces, sécurité des Rois, recherche des faiblesses,
- L’espace : contrôle du centre, d’avant-postes, d’une couleur de cases, rôle de la structure de pions,création d’un réseau de mat,
- Le temps : calcul d’un nombre de coups, d’une séquence, gestion du temps imparti.
- La déduction et la logique : l’évaluation des possibilités.
- L’esprit de décision : trancher, choisir entre deux plans.
- Repérage :
- dans l’espace : colonnes, rangées, diagonales, camps, cases, notation alphanumérique,
- dans le temps : chacun son tour,jeu à la pendule,
- de la forme des différentes pièces (pour les petits).
- L’anticipation : imaginer des plans d’action.
- Le silence : maîtrise de sa parole.
Le caractère, les valeurs morales et sociales
- La volonté : gagner, réussir, motivation par des objectifs de compétition.
- La maîtrise de soi : contrôler ses émotions, canaliser son agressivité.
- L’humilité : accepter et analyser ses défaites, reconnaître ses erreurs, ses faiblesses.
- L’inhibition d’une réaction intuitive : prendre le temps de la réflexion.
- Respect de l’adversaire et des règles : chacun son tour, pièce touchée = pièce à jouer.
- Progression par le travail, apprentissage du goût de l’effort.
- Sociabilité : esprit d’équipe, brassage social.
A télécharger également ce document de la FIDE sur le jeu d’échecs, outil pour l’éducation et la santé.